Accidents de chasse 2024‑2025 : une hausse inquiétante en France

Chasseur qui observe les alentours à la recherche d'une proie à tuer
Chasseur qui observe les alentours à la recherche d'une proie à tuer

La saison de chasse 2024‑2025 a fait 11 morts en France. Des non-chasseurs ont aussi été blessés. En Belgique, le danger est similaire : en Wallonie, un accident mortel pourrait survenir à tout moment.

 

Article du 18 juillet 2025

 

La saison de chasse 2024-2025 marque un net recul en matière de sécurité. L’Office français de la biodiversité (OFB) a recensé 11 décès de chasseurs et près de 100 accidents, un chiffre en forte hausse par rapport aux deux dernières années. Cette situation soulève de vives inquiétudes, y compris en Belgique, où le risque d’un drame similaire reste latent.

 

Un rebond préoccupant des accidents mortels

 

Après deux saisons marquées par un nombre historiquement bas de six morts, la saison 2024 2025 enregistre 11 décès de chasseurs en France. Ce quasi-doublement s’accompagne d’environ 100 accidents, dont 16 ont concerné des non-chasseurs, avec trois blessés graves. Si ces chiffres restent inférieurs aux moyennes d’avant 2010 (jusqu’à 203 accidents par an), ils révèlent une tendance inquiétante à la hausse.

 

Les causes mises en lumière

 

Selon Olivier Thibault, directeur général de l’Office français de la biodiversité (OFB), cette recrudescence est liée à plusieurs facteurs :

 

  • Une mauvaise manipulation des armes, notamment lors des transports ou des tirs précipités.

  • Le non-respect des règles de sécurité élémentaires, dont la prise en compte de l’environnement de tir.

  • Une intensification des battues menées sous prétexte de réguler la faune, avec les sangliers en ligne de mire.

 

Des progrès à long terme, mais vigilance requise

 

L’OFB rappelle que la chasse est deux fois moins accidentogène qu’il y a vingt ans. Pourtant, ce progrès ne saurait masquer les dangers persistants. Depuis 2020, les formations de sécurité décennales sont obligatoires pour tous les chasseurs, mais leur déploiement reste incomplet. Il devient urgent de renforcer ces dispositifs, de systématiser les formations pratiques, et de sensibiliser à l’usage raisonné des armes.

 

Focus : non-chasseurs touchés

 

Plusieurs personnes extérieures à la chasse ont été blessées. Seize non-chasseurs (promeneurs, cyclistes ou riverains) ont été touchés, dont trois grièvement. Ces accidents illustrent le danger latent dans des espaces naturels partagés entre usagers et chasseurs.



Il est crucial de rappeler que les armes de chasse sont potentiellement mortelles bien au-delà de leur cible immédiate. Une balle de carabine peut atteindre jusqu’à trois kilomètres en terrain dégagé. Chaque tir engage donc une responsabilité grave et irréversible. La moindre erreur, dans un environnement non balisé ou mal contrôlé, peut coûter la vie à un innocent.

 

Et en Belgique ? Une menace silencieuse en Wallonie

 

La situation en France alerte également la Belgique, où la pratique de la chasse reste largement répandue, notamment en Wallonie. Là aussi, les battues sont fréquentes, parfois mal signalées, et se déroulent à proximité de chemins publics ou de zones habitées. À cela s’ajoutent les lâchers de petits gibiers, comme les faisans ou les canards colverts, qui peuvent être organisés sans obligation de signalement, exposant le public à des tirs inattendus dans des zones pourtant accessibles à tous. Chaque saison, des incidents sont signalés au Département de la Nature et des Forêts (DNF), bien qu’ils soient moins médiatisés.

 

Le risque d’un accident mortel en Wallonie n’est pas hypothétique : il est réel. Les mêmes types d’armes sont utilisées, avec des portées létales comparables. Le manque d’information du public et l’insuffisance de mesures de prévention accentuent les dangers. De plus en plus de citoyens demandent des réformes, notamment l’instauration d’un calendrier clair, l’obligation de balisage et une distance minimale par rapport aux habitations et sentiers.

 

AnimalWeb Belgique, soucieux du bien-être animal et conscient que les parties de chasse mettent en danger les riverains, a publié une pétition afin de mettre fin aux lâchers de faisans et de canards colverts.

 

Conclusion

 

Le bilan de la saison 2024‑2025 en France rappelle une réalité trop souvent minimisée : la chasse, même réglementée, reste une activité à haut risque. Dès lors que des armes létales sont utilisées dans des espaces partagés, le danger est permanent pour les chasseurs comme pour les non-chasseurs.

 

En Belgique, et particulièrement en Wallonie, cette menace est d’autant plus préoccupante que le territoire est densément peuplé, avec une démographie en croissance et un accès croissant du public aux espaces naturels. La coexistence entre promeneurs, familles, cyclistes et chasseurs armés devient de plus en plus intenable. Chaque saison, la probabilité d’un accident grave augmente.

 

Plutôt que d’adapter sans fin la réglementation autour de la chasse, il est temps de s’interroger sur sa légitimité dans un pays moderne où la sécurité publique, le respect du vivant et le droit à la nature devraient primer sur une pratique héritée d’un autre siècle.

 

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