
En Belgique, 12 ministres s’occupent de la santé, dont 5 en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le bien-être animal en Wallonie, lui, reste confié à un seul ministre.
Article du 16 septembre 2025
Une des spécificités belges est la prolifération des ministres et de leurs cabinets. La santé ne fait pas exception : 12 ministres, dont 5 en Fédération Wallonie-Bruxelles, disposent d’une compétence dans ce domaine. Mais pendant que la santé humaine s’éparpille entre portefeuilles, le bien-être animal n’a droit qu’à un seul ministre (Adrien Dolimont), relégué en bas de son CV. En fin d’article, retrouvez la liste complète des ministres concernés, leur parti et leurs compétences réelles.
Une spécificité bien belge : l’empilement des ministres
La Belgique est connue pour la complexité de ses institutions. Entre le niveau fédéral, les Régions, les Communautés et les commissions bruxelloises, les compétences se chevauchent et se dispersent. La santé illustre parfaitement cette architecture : 12 ministres disposent d’un portefeuille touchant de près ou de loin à la santé publique.
La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) concentre à elle seule 5 ministres sur 6 ayant un morceau de la compétence santé. Une situation mise en lumière par La DH et La Libre Belgique cet été, qui a suscité étonnement et critiques.
Dans certains cas, la « santé » figure explicitement dans le titre ministériel. Dans d’autres, il s’agit d’un sous-volet discret : prévention scolaire, médecine de l’enfance, reconnaissance des professions de soins, hôpitaux universitaires… Ces missions sont bien réelles, mais elles restent éclatées entre de nombreux cabinets, multipliant structures et coûts de fonctionnement.
Chaque ministre dispose d’un cabinet pour l’aider dans l’exercice de ses compétences. Avec le morcellement de la santé en multiples portefeuilles, plusieurs ministres en Fédération Wallonie-Bruxelles se partagent désormais des dossiers spécifiques, sans que le nombre exact d’employés affectés soit publié.
Le contraste avec le bien-être animal
En comparaison, le bien-être animal ne bénéficie que d’un seul ministre au niveau wallon. Ce domaine est géré par Adrien Dolimont (Ministre-président du gouvernement wallon) avec d’autres compétences jugées prioritaires (Budget, Finances, Recherche).
Le message politique est clair : la santé humaine mérite une multiplicité de ministres, tandis que la condition animale se résume à un poste unique, souvent marginalisé. Cette asymétrie illustre un dédain institutionnel : si l’homme est au centre de l’attention, l’animal reste relégué en périphérie, sans moyens comparables.
La chasse, angle mort du bien-être animal
À ce déséquilibre s’ajoute un autre problème : les animaux dits « de chasse ». Faisans, canards colverts et autres gibiers sont élevés et relâchés en grande quantité pour alimenter une pratique de loisir toujours autorisée.
Ces dossiers ne relèvent pas du bien-être animal, mais d'Anne-Catherine Dalcq, la ministre de l'Agriculture et de la Ruralité, en charge de la Forêt, de la Nature, de la Chasse et de la Pêche, qui traite ces animaux comme des « ressources » à gérer par quotas et réglementations cynégétiques. Ici encore, le contraste est saisissant : d’un côté, une armée de ministres pour la santé humaine, de l’autre, des animaux transformés en simples variables de gestion pour satisfaire quelques milliers de chasseurs.
Là aussi, au vu de ce transfert de compétences opportun, André Dolimont (MR) n'est plus qu'un ministre du bien-être pour animaux de compagnie, à la limite de ferme. Son département devrait donc, en toute logique, mentionner : "Ministre du bien-être animal des animaux domestiques et de la ferme"
Vers un seul ministre de la Santé ?
Le morcellement des compétences en matière de santé fait régulièrement débat. Certains partis, dont Les Engagés, plaident pour une re fédéralisation de la santé afin de gagner en cohérence et en efficacité.
Leur proposition est claire : « Un seul ministre de la Santé, refédéralisons la santé » (source). Selon eux, une telle réforme permettrait de simplifier l’organisation des soins et d’éviter les chevauchements administratifs coûteux.
Cette réflexion met aussi en lumière l’injustice symbolique qui frappe le bien-être animal : alors qu’on discute de rationaliser la santé humaine, personne ne propose d’élever la protection animale à un niveau institutionnel équivalent.
Santé humaine et santé animale : deux poids, deux mesures
Pourtant, la santé humaine et le bien-être animal sont intimement liés. Maltraiter la faune sauvage, fermer les yeux sur les élevages pour la chasse ou marginaliser les animaux de rente a aussi des conséquences sur les écosystèmes, la biodiversité et, in fine, notre santé.
Ignorer les animaux, c’est ignorer une partie du vivant dont dépend la qualité de notre environnement. Mais le jeu politique, soucieux de multiplier les portefeuilles humains, continue de minimiser cette dimension.
Liste des ministres ayant une compétence santé (Belgique, 2024-2025)
Niveau | Ministre | Parti | Compétences santé réelles |
Fédéral | Frank Vandenbroucke | Vooruit | Santé publique, sécurité sociale, hôpitaux fédéraux |
Wallonie | Yves Coppieters | Les Engagés | Santé, promotion de la santé, infrastructures de soins |
Fédération Wallonie-Bruxelles | Valérie Lescrenier | Les Engagés | Santé de l’enfance, médecine préventive, ONE |
Fédération Wallonie-Bruxelles | Élisabeth Degryse | Les Engagés | Enseignement supérieur, hôpitaux universitaires |
Fédération Wallonie-Bruxelles | Valérie Glatigny | MR | Professions de santé, contingentement, PMS |
Fédération Wallonie-Bruxelles | Jacqueline Galant | MR | Sport, contrôle médico-sportif |
Fédération Wallonie-Bruxelles | Adrien Dolimont | MR | Recherche scientifique en santé |
Bruxelles | Alain Maron | Ecolo | Santé, action sociale, environnement |
Flandre | Caroline Gennez | Vooruit | Bien-être, santé publique flamande |
Communauté germanophone | Lydia Klinkenberg | ProDG | Santé, affaires sociales, logement |
COCOF (Bruxelles) | Barbara Trachte | Ecolo | Promotion de la santé francophone à Bruxelles |
VGC / Cocom (Bruxelles) | Elke Van den Brandt | Groen | Volet flamand de la santé à Bruxelles |
Conclusion
La Belgique cumule les ministres de la santé au point d’en compter douze, avec une concentration étonnante en Fédération Wallonie-Bruxelles. À l’inverse, le bien-être animal reste un portefeuille unique, peu visible, souvent relégué en bas de CV.
Ce déséquilibre institutionnel est plus qu’un symbole : il illustre une hiérarchie politique où la santé humaine est morcelée mais survalorisée, tandis que la cause animale demeure secondaire. Une situation qui pose question à l’heure où l’écologie, la biodiversité et la condition animale devraient être considérées comme des enjeux de santé publique à part entière.