On peut être mangeur de viande et anti-chasse

Ils posent fièrement avec des animaux morts, brandissant leurs fusils comme s’ils avaient sauvé la nature. Et quand on ose les contester, ils dégainent un argument tout prêt : "Tu manges de la viande ? Alors tu n’as rien à dire." Cette ligne de défense, répétée à l’infini, voudrait faire croire que seules les véganes auraient le droit de s’indigner. Pourtant, l’instinct de survie n’a rien à voir avec le plaisir de tuer. Refuser la chasse, ce n’est pas être parfait, c’est simplement reconnaître qu’un animal n’est pas un jouet, ni un trophée.

 

A lire sur AnimalWeb Belgique : Le blooding : un rituel de chasse royal aussi archaïque que cruel

 

Déconstruire un argument fallacieux des défenseurs de la chasse

 

L’un des arguments les plus souvent brandis par les défenseurs de la chasse consiste à dire : "Si vous mangez de la viande, vous n’avez pas le droit d’être contre la chasse." Selon eux, s’opposer à la chasse sans être végan serait hypocrite. C’est ce genre de raccourci intellectuel qui empêche parfois des citoyennes et citoyens de se positionner clairement contre la chasse, alors même qu’ils en ont l’intuition profonde. Il est temps de démonter ce faux dilemme.

 

Non, il ne faut pas être végan pour être anti-chasse. Et oui, on peut tout à fait manger de la viande – tout en refusant catégoriquement qu’un animal soit traqué, abattu, photographié mort au nom du loisir, du trophée ou de l’égo.

 

Chasse et élevage : deux réalités fondamentalement différentes

 

Tuer pour se nourrir… ou pour le plaisir ?

 

Dans la nature, une lionne tue une gazelle parce qu’elle a faim. Une louve chasse un lièvre pour nourrir ses petits. Il s’agit là d’un comportement dicté par l’instinct de survie. Chez l’humain, manger de la viande, même si cette pratique est aujourd’hui largement industrialisée et sujette à critique, relève encore (au moins dans une large partie de la population) d’un besoin culturel, social, nutritionnel.

 

Mais la chasse, elle, ne relève pas d’un besoin. Il ne s’agit pas de se nourrir ou de survivre. La très grande majorité des chasseurs ne dépendent pas de la chasse pour vivre. Ils ont un réfrigérateur, des supermarchés, parfois même… une boucherie à côté de chez eux. La chasse moderne est devenue un loisir, une activité de détente, une manière de se valoriser au sein d’un groupe.

 

Dans ce cadre, tuer un animal n’est plus une nécessité : c’est un divertissement. La photo du chasseur posant fièrement à côté du cadavre de l’animal en dit long : on ne parle pas ici d’alimentation ou de respect du vivant, mais bien de domination et de mise en scène.

 

Pourquoi les chasseurs cherchent-ils à justifier la chasse coûte que coûte ?

 

La chasse de loisir, en particulier lorsqu’elle ne répond à aucun besoin alimentaire, provoque un malaise grandissant dans la société. Beaucoup de citoyens perçoivent intuitivement qu’il est cruel et inutile de tuer un animal pour le plaisir. Face à cette prise de conscience, les chasseurs ressentent le besoin de défendre coûte que coûte leur pratique. Pour ce faire, ils avancent des arguments souvent fantaisistes, allant de « nous régulons la nature » à « nous sommes les premiers écologistes », en passant par « vous mangez de la viande, donc vous êtes hypocrites ».

 

Ces argumentations poursuivent un double objectif :

 

• Se rassurer eux-mêmes : en donnant un vernis moral ou écologique à leurs actes, ils apaisent leur propre conscience et légitiment leur plaisir de tuer.

• Désarmer la critique publique : en créant un climat de confusion, ils empêchent les citoyens de formuler une opposition claire. Car si l’on croit qu’ils « protègent la nature » ou qu’ils « nourrissent leur famille comme nos ancêtres », alors on hésitera à contester la chasse.

 

Il est essentiel de comprendre ce mécanisme : tant que la société questionnera la légitimité de tuer pour le plaisir, les chasseurs chercheront à multiplier les justifications, même les plus extravagantes, pour maintenir leur loisir socialement acceptable.

 

L’avenir : réduire la consommation animale, sans culpabiliser

 

Être anti-chasse n’est pas forcément être parfait. Il ne s’agit pas de donner des leçons de morale, mais de tracer une ligne claire entre ce qui est encore socialement toléré (la consommation de viande) et ce qui ne devrait plus l’être (le meurtre d’animaux pour le plaisir).

 

De plus en plus de personnes réduisent leur consommation de viande, adoptent des alternatives végétales, sans devenir 100 % véganes. Cette transition est progressive, mais elle est en marche. L’avenir se trouve dans la création de repas savoureux, nutritifs, respectueux de la vie animale, et accessibles à tous. C’est ainsi que les abattoirs deviendront un jour obsolètes.

 

Mais en attendant, refuser la chasse, c’est déjà poser un acte fort. C’est dire non à la cruauté gratuite, à la violence érigée en loisir, à la glorification de la mort.

 

Conclusion : vous avez le droit d’être mangeur de viande et anti-chasse

 

Il est temps de sortir des culpabilisations absurdes. Vous n’êtes pas hypocrite si vous mangez encore de la viande et que vous êtes choqué par la chasse. Vous n’êtes pas incohérent si vous refusez que des enfants assistent à des tueries organisées en forêt sous prétexte que « c’est culturel ».

 

Tuer un animal pour le plaisir, c’est refuser d’évoluer.

 

Dire non à la chasse, c’est affirmer un monde où la vie, toute vie, mérite mieux que d’être une cible.