Bien-être animal en Belgique : de belles promesses, peu d’actions

Alors que la Flandre a interdit depuis 2017 le lâcher d’animaux pour la chasse, la Wallonie reste figée dans l’inaction. Ministre régional, échevins communaux : les responsables politiques multiplient les déclarations creuses mais refusent de s’opposer aux nombreuses dérives de la chasse. Le bien-être animal mérite plus que de belles paroles : il exige du courage politique.

 

Quand les échevins et ministres du bien-être animal brillent par leur silence

 

En Belgique, le bien-être animal est devenu une compétence officielle dans presque toutes les communes. Des échevins ou conseillers communaux sont nommés pour en assurer le suivi. À l’échelle régionale, un ministre du bien-être animal est désigné à Bruxelles, en Wallonie et en Flandre. On pourrait croire que la cause animale progresse.

 

Mais sur le terrain, le constat est amer : beaucoup de ces mandats restent symboliques, sans moyens, sans courage politique, et souvent sans réelle volonté d’agir.

 

 

L’affaire des faisans de Lasne : un cas qui résume tout

 

A Lasne, une commune wallonne réputée pour son cadre verdoyant, des citoyens ont dénoncé une pratique indigne : le lâcher de faisans et de canards élevés pour être abattus par des chasseurs. Ces animaux, nés en captivité, sont relâchés juste avant la chasse, incapables de fuir ou de se défendre, ces animaux sont lâchement abattus parfois à même le sol. Une pratique barbare qui choque autant qu’elle révolte.

 

En 2023, des questions ont été posées au ministre wallon du bien-être animal, Willy Borsus, qui a reconnu que cette méthode n’était "plus acceptable". Une déclaration forte ? Pas vraiment, car aucune interdiction n’a suivi. Pendant ce temps, la Flandre interdit déjà ce type de pratique cynégétique depuis 2017.

 

➡️ Pourquoi ce double discours ? Pourquoi ce mutisme en Wallonie ?

 

Le bien-être animal : une façade politique ?

 

De nombreuses communes nomment des échevins du bien-être animal, mais ceux-ci cumulent souvent plusieurs fonctions : environnement, agriculture, mobilité, etc.

Résultat ? Le bien-être animal devient une ligne dans un CV politique, sans budget, sans plan d’action, sans suivi rigoureux des situations locales.

Et au niveau régional, les ministres du bien-être animal doivent composer avec des pressions économiques et des intérêts cynégétiques puissants. Trop souvent, ils préfèrent le statu quo à l'affrontement avec les fédérations de chasse ou certains lobbys agricoles.

 

Ce que l’on attend, ce ne sont pas des mots, mais des actes.

Des exemples concrets d’inaction

 

• Lâchers d’animaux pour la chasse : toujours autorisés en Wallonie malgré l’indignation populaire.

• Élevages d’animaux sauvages en semi-liberté pour les battues commerciales : tolérés.

• Chasses royales : Des tueries, des massacres organisés et assumés par Philippe, roi des belges.

• Abattages sans étourdissement : Interdits en Flandre et en Wallonie mais autorisés en région bruxelloise.

• Aucune politique forte contre les abandons massifs d’animaux domestiques en été.

• Peu de sanctions contre les maltraitances, même lorsque les faits sont documentés.

• Injustice : La justice ordonne aux refuges et aux nouveaux adoptants de restituer des animaux maltraités à leurs anciens propriétaires.

 

 

Faut-il parler d’échevins et de ministres de pacotille ?

 

Ce terme peut choquer, mais comment qualifier autrement des mandataires qui se réclament du bien-être animal sans jamais défendre les animaux ? Quand un ministre reconnaît une pratique "inacceptable" et ne fait rien, n’est-ce pas une forme de trahison morale ?

 

Ce n’est pas tant leur absence d’action qui indigne, c’est leur volonté de faire croire qu’ils agissent, alors qu’ils ferment les yeux. Un politique qui dirait franchement "je n’ai pas envie de m’en occuper" serait presque plus honnête. Mais cela n’arrivera pas, car le bien-être animal est devenu un argument électoral.

 

Ce que vous pouvez faire, concrètement

 

1. Écrire à vos représentants

 

Adressez un courrier ou un e-mail à :

 

• Votre échevin local du bien-être animal, pour connaître son plan d’action réel.

• Le Ministre-président du gouvernement wallon Adrien Dolimont pour exiger que des actions fortes soient mises en place afin de mettre fin aux nombreuses dérives de la chasse.

 

Exemple de lettre pour une limitation des activités de chasse 

 

2. Signer ou lancer une pétition

 

AnimalWeb soutient toute initiative citoyenne qui vise à :

 

• Faire interdire les lâchers d’animaux d’élevage pour la chasse.

• Donner des moyens concrets aux échevins du bien-être animal.

• Mettre fin aux maltraitances tolérées au nom de la tradition ou du divertissement.

 

➡️ Proposez votre pétition via notre site. Nous la relaierons.

 

3. Parler, partager, sensibiliser

 

Les animaux n’ont pas de voix dans les conseils communaux ni dans les parlements. Ils ont besoin de la vôtre.

 

Partagez cet article, discutez avec vos proches, interpellez vos élus sur les réseaux sociaux. La pression citoyenne est le seul levier efficace aujourd’hui pour faire évoluer les lois.

 

 

Conclusion : le bien-être animal mérite mieux

 

Tant qu’il sera géré comme un accessoire politique, le bien-être animal restera un mirage. Il ne s’agit pas de faire "un peu mieux", mais de changer radicalement notre regard sur le vivant. Les échevins et les ministres n’ont pas à être des spécialistes de l’animal, mais ils ont le devoir d’agir avec cohérence, courage et respect.

 

Car à force d’inaction, ce ne sont pas seulement des faisans, des chiens ou des chats qui souffrent : c’est notre humanité qui s’éteint à petit feux.